« je suis fière d’être portugais »


Quand je lis sur certains sites « je suis fière d’être portugais » cela me laisse pensif. En effet je suis fils d’immigré portugais et tout au long de ma vie (j’ai 37 ans) j’ai plus souvent eu honte d’être portugais que ressenti de la fierté.  Enfant  J’ai eu honte de mes parents, de leur accent, de leur travail, honte de ma condition social, J’ai cultivé le même complexe d’infériorité que mes parents vis-à-vis des français de souche. Je n’ai jamais rêvé d’être médecin, avocat, ingénieur ou architecte mais juste d’avoir un travaille et d’acheter une voiture. Il m’est arrivé d’hésiter quand on me demandait si j’étais portugais ou espagnol.
Cela m’amène à poser cette question : Quand on est portugais on peut être fière de quoi ? Quand on est fils d’immigrés, quand portugais est synonyme de femme de ménage, de maçon, de concierge, d’immigrés sans éducation occupant le dernier échelon de l’échelle social employé aux taches subalternes.  
On n’est pas un héro lorsque l’on fuit sont pays pour aller servir de femme de ménage ou de maçon en France avec tout ce que cela implique de soumission et d’humiliation. On n’est pas un héro lorsque l’on déserte  l’armé pour éviter le service militaire, non pas pour lutter de l’extérieur contre la dictature (ce qui serait noble) mais simplement pour venir en France travailler comme maçon,  construire des HLM pour les harkis et les rapatriés d’Algérie. Oui les portugais ont acceptés des conditions de vie avilissante humiliante dans des baraques suscitant la  xénophobie et  mépris de la part des français. Comparez seulement  les images des bidons villes des Roms qui font l’actualité d’aujourd’hui et les reportages tournés dans les bidons villes portugais des années 60. Même physiquement ils se ressemblent.
Le cliché veut que le portugais soit travailleur. Est-ce un motif de fierté ?
Des dizaines d’années de dictatures, et l’influence de l’église catholique  Ont créées des individus dociles et travailleurs soumis et corvéables à merci.
Le portugais travailleurs et ses descendants sont les grands oubliés  de la vie politique. Vous pouvez chercher dans la composition du gouvernement des noms d’ascendances portugaises, vous n’en trouverez pas.
Combien sont les fils et filles d’immigrés qui se disent fière d’être portugais mais qui s’emploient à effacer cette culture dont ils ont finalement honte.  Francisant leur nom, donnant à leurs enfants des prénoms français anglo-saxons ou italiens, on ne compte plus les Kevin, les Enzo etc.  La langue n’est même plus parlée ou transmise.
Je pensais que pour prochaine génération de portugais, celle de mes enfants se serait fini.   L’image des portugais allait évoluée comme celle des espagnols et des  italiens. En France les descendants de portugais se sont bien insérer, certain ont  fait des études. A force de travaille ils se sont élevé socialement.  Mais avec la crise qui touche le Portugal, voila que cela recommence, l’exode ! Comme dans les années 60, 70. Des dizaines, des centaines de milliers de portugais quittent aujourd’hui le Portugal encouragé par le gouvernement.
Tapez émigration portugaise sur Google et voila ce que vous trouverez :
Portugais expulsé du canada par milliers, traite d’esclaves portugais en Espagne, gouvernement suisse et luxembourgeois qui s’inquiète de voir les centres sociaux remplis de portugais sans qualification. Voila qu’une nouvelle génération de portugais s’apprête à vivre les mêmes humiliations que leurs parents et leurs grands parents.
J’en veux à l’élite portugaise qui se succède depuis des dizaines d’années au pouvoir et qui ruine le pays. Le Portugal a les statiques les plus mauvaises d’Europe, et dans tous des domaines ! Pourquoi les portugais arrivent à s’en sortir sans diplôme sans même parler la langue de leurs pays d’accueil et n’arrivent à rien au Portugal ?
Autre chose qui m’agace ! Il faut arrêter avec le mythe de la révolution des œillets. Ce n’a jamais été une révolution mais un coup d’état militaire. Le peuple n’a jamais participé à cette révolution. On est très loin de 1789 ! De plus cela n’a rien changé aux conditions de vie des portugais. Bien sur cela a mis fin à la guerre.  Mais les portugais installés dans les colonies ont a nouveau connu l’exode et les africains ont connue des guerres civiles bien plus meurtrières que leurs  guerres d’indépendance, En Angola la lutte pour l’indépendance a duré 14 ans et a fait environs 50 000 morts angolais. La guerre civile a duré 30 ans et a fait plus d’un million de morts tout cela pour ne pas aboutir à la liberté, mais a une dictature qui n’a rien à envier à la période coloniale. Ce qui est encore plus triste c’est que beaucoup d’angolais sont venu s’installer au Portugal et acquis la nationalité portugaise et maintenant avec la crise travaillent en Angleterre comme immigrés portugais. Ça valait vraiment la peine…
Reste le passé si l’on ne peut pas être fière du présent on pourrait être fière de l’histoire du pays. Et la effectivement il y a des motifs de fierté.  Grands découvreurs du monde, puissance militaire et maritime, conquérant intrépides.  La couronne portugaise a même été la plus riche d’Europe. Mais ces motifs de fierté sont a contre courant des valeurs européennes actuelles. En effet je viens de finir un livre sur Vasco de Gama et l’expansion portugaise. « Guerra santa de Nigel Cliff ».
Premièrement le Portugal c’est construit par la guerre. Une guerre  de religion mené avec l’aide des templiers de l’Europe entière, une guerre féroce et sans pitié à la fin de la ‘’reconquista’’ et le passage de l’inquisition il ne restait plus un musulman plus une mosquée sur le territoire du Portugal. Mais cela ne suffisait pas il fallait poursuivre et exterminer le musulman ou qu’il se trouve « os Papas diziam: ‘temos de varrer esta raça da face da terra e expandir a Igreja cristã até aos mais recônditos confins da humanidade ».Vasco de Gama avait comme mission de découvrir une route maritime pour les indes mais aussi une mission de guerre religieuse, c’est pourquoi les voiles des navires portugais étaient flanqués des croix de l’ordre du christ. L’Europe d’aujourd’hui essai de véhiculer plutôt des idéos de paix entre les peuples de tolérance religieuse de vivre ensemble de laïcité, on est très loin des intentions qui animais nos grands navigateurs.
Tout ca pour dire quoi ?
En France le sentiment affectifs d’appartenance au  Portugal  va  disparaitre petit à petit génération après génération.  On ne peut pas vivre dans un pays étranger, y faire des enfants et penser qu’ils auront le même sentiment d’appartenance au pays d’origine que vous. Après la troisième génération c’est fini! Ils ne seront même plus capables de situer le pays sur une carte. Et c’est peut être mieux comme ça.
J’ai des amis Algériens et pour eux c’est beaucoup plus dur. Même pas d’idée du retour au pays. Plus de difficulté pour trouver du travail. Ils sont régulièrement mis à l’index dans l’actualité pour être musulmans. Ils continuent à être rejetés par une part importante de la population à cause de leur culture et de leur religion différente. Pas question non plus de chercher à s’assimiler ils auraient l’impression de trahir leur origine.
 Il y a aussi le passé colonial. Ils ont été colonisés par la France. Opprimés, Exploités.  Puis il y a eu le traumatisme de la guerre d’indépendance et puis finalement après avoir expulsé les français ils sont venus en masse s’installer chez l’ennemi colonisateur pour continuer à servir les anciens maitres plutôt que de profiter de l’indépendance et la liberté enfin retrouvé.  Et vous trouverez sans problème des jeunes descendants d’Algérien fiers de leurs origines, mais fier de quoi ?
 Le Portugal en tant que pays est en train de se dissoudre dans l’Europe.  Les devisions importante concernant le Portugal se prennent déjà à Paris et à Berlin. La natalité est une des plus faibles d’Europe et la tradition d’émigration ne fait qu’empirer les choses.
Autre question : La nationalité a-t-elle encore un sens quand les riches quittent leur pays pour se soustraire à l’impôt et les pauvres pour améliorer leurs conditions de vie ?